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la collaboration entre ce service et la DRPP constituait un tel problème (en dépit
des dispositions réglementaires) qu’il a été décidé de remplacer le DRPP. Le choix
s’est alors porté sur le directeur central adjoint organique de la DCRI dans l’espoir
de faciliter les relations. Puis, en mars 2010, un coordonnateur a été désigné au
sein de la direction centrale afin de s’assurer de la fluidité des échanges.
Depuis, les relations se sont pacifiées : chaque jour, la DCRI reçoit les
notes « RI » de la DRPP ainsi que la liste des interceptions de sécurité et des
sources humaines (qui lui sont d’ailleurs octroyées par Levallois-Perret en ce
domaine). Des réunions thématiques ont également lieu entre les deux services.
Enfin, si la DCRI ne s’investit guère en matière de subversion violente, elle
poursuit ses activités antiterroristes sur la zone géographique de la DRPP et en
parallèle de celles déployées par cette dernière. Pourtant, la DRPP ne figure pas
sur l’arrêté du Premier ministre énumérant les services de renseignement. Par
conséquent, elle ne peut accéder aux moyens spéciaux aujourd’hui à la disposition
des services, ne peut utiliser des identités fictives, n’a pas accès à l’Académie du
renseignement ou au coordonnateur du renseignement. Le poids institutionnel du
Préfet de police explique donc pour beaucoup la capacité de résistance dont fait
preuve la DRPP en dépit de sa situation précaire, et la coopération repose sur la
bonne volonté des hommes en place.
Mais, au-delà de la forte spécificité parisienne et de la capacité de
résistance de la Préfecture de Police, la persistance d’un service indépendant
s’explique par la satisfaction qu’il procure aux autorités grâce à la forte intégration
qui se manifeste entre les activités de RI et d’ « information générale ». En effet,
la DRPP « est chargée de la recherche, de la centralisation et de l’analyse des
renseignements destinés à informer le préfet de police dans les domaines
institutionnel, économique et social, ainsi qu’en matière de phénomènes urbains
violents et dans tous les domaines susceptibles d’intéresser l’ordre public et le
fonctionnement des institutions dans la capitale ». (1)
Érigée en service coordonnateur de l’IG en Île-de-France, la DRPP a
absorbé les SDIG des départements de la petite couronne en 2009. Elle les a
rebaptisés « services territoriaux de renseignement » (STR) pour le plus grand
plaisir des fonctionnaires concernés. Cette absorption se justifiait en raison de la
faible interaction nouée entre la DRPP et les SDIG de la petite et de la grande
couronne, alors même que les impératifs d’ordre public ne permettent pas à la
Préfecture de police de se priver de la meilleure information possible. La véritable
cohérence de l’Île-de-France plaide d’ailleurs en faveur de l’absorption par la
DRPP des SDIG de la grande couronne. De la sorte, la DRPP jouirait d’une
connaissance fine des questions d’ordre public, d’économie souterraine…
polarisées par la ville de Paris.
Enfin, la DRPP possède une compétence en matière de lutte contre
l’immigration clandestine et d’infractions liées à l’emploi des étrangers.
(1) Arrêté précité du 27 juin 2008.

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