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modifie guère la configuration actuelle. Elle se contente au final d’apporter une
clarification nécessaire à l’efficacité de l’État en matière de renseignement.
Au regard de l’histoire, la pérennité du coordonnateur du renseignement
est un cas unique. Cependant, après plus de quatre années d’existence, il apparaît
que la coordination des services doit poursuivre ses activités et gagner en
amplitude. Dans cette perspective, il semble nécessaire que le Premier ministre
assure un rôle plus central que celui lui incombant actuellement. Néanmoins, ce
rééquilibrage n’entamerait en rien les prérogatives présidentielles. Au contraire, il
permettrait de repenser la dyarchie en soulignant plus encore la mission
éminemment stratégique du chef de l’État. Enfin, la communauté du
renseignement se trouverait élargie et son caractère opérationnel conforté sous
l’égide d’un coordonnateur aux pouvoirs renforcés. Mais cette réforme globale ne
saurait pour autant occulter les besoins spécifiques de chacun des services
concernés.
II. CORRIGER L’ARCHITECTURE DU RENSEIGNEMENT INTÉRIEUR
L’affaire fut conduite en juin 2008 dans une précipitation qui ne manqua
pas de surprendre.
En quelques semaines fut bâtie la Direction centrale du renseignement
intérieur (DCRI), supposée assurer efficacement le monopole de la collecte et de
l’analyse du renseignement sur le territoire national. Pourtant, elle souffre de tares
congénitales majeures et a dû se résoudre à engager, depuis quelques mois, une
nouvelle vague de réformes sous la pression des événements. En outre, la
Sous-direction à l’information générale (SDIG), créée à partir des reliquats de la
Direction centrale des renseignements généraux, a été injustement traitée et exclue
de la communauté du renseignement.
Cette situation est la conséquence d’un défaut de conceptualisation quant
aux missions qu’il incombait à ce nouveau service d’assumer. Elle soulève, au
surplus, le problème de la place de la gendarmerie dans un dispositif policier.
En somme, l’architecture du renseignement intérieur, actuellement
caractérisée par son irrationalité, nécessite certains réajustements qui, au-delà des
changements à opérer, doivent obéir à une certaine philosophie de l’action d’État.
A. DOTER LA FRANCE D’UNE VÉRITABLE DIRECTION GÉNÉRALE DE LA
SÉCURITÉ INTÉRIEURE
La quête d’anonymat à laquelle s’astreignent, d’ordinaire, les services de
renseignement ne semble jamais avoir été véritablement de mise à la DCRI. Son
directeur central de 2008 à 2012 a en effet cristallisé sur lui l’attention, et les
dérives imputées à son service ont « bénéficié » d’un écho médiatique tout à fait