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défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Ce dernier pourrait, si nécessaire et
de manière ponctuelle, travailler en collaboration avec le Coordonnateur. Il s’agit
non de créer ex nihilo une nouvelle interface administrative mais plutôt de
spécialiser l’existant à coût quasiment constant, sans gonfler artificiellement les
effectifs ou renouer avec les défauts technocratiques du CIR.
Ce serait donc le Secrétariat général du renseignement qui animerait des
groupes de travail thématiques, coordonnerait l’activité des services, instruirait les
grands dossiers, présiderait à la réalisation de retours d’expérience (pratique
étrangère au mode de fonctionnement français mais pourtant incontournable pour
remédier aux dysfonctionnements structurels ou conjoncturels), adresserait à
l’ensemble des autorités et acteurs intéressés des notes de synthèse composées à
partir de la production des services spécialisés afin de concourir à l’information
stratégique et au bon déroulement de l’activité des destinataires.
C’est lui également qui dresserait chaque année, en collaboration avec les
services de renseignement et après consultation des ministères et administrations
concernés, le Plan national d’orientation du renseignement (PNOR) soumis à
l’approbation du Conseil national du renseignement.
Le dispositif ainsi dessiné reconnaît donc la primauté du Président de la
République puisque ce dernier établirait en Conseil national du renseignement les
directives destinées au Coordonnateur, qui resterait d’ailleurs son conseil et dont
les bureaux demeureraient rue de l’Élysée. En revanche, la nouvelle architecture le
préserverait dans la mesure où le chef du Gouvernement participerait
effectivement à l’élaboration de toutes les décisions dont il pourrait assumer
pleinement la responsabilité ; en outre, le Premier ministre renouerait avec son
pouvoir interministériel par le biais du Secrétariat général du renseignement.
Enfin, ce nouveau coordonnateur aux moyens accrus permettrait de
repenser les contours de la « communauté du renseignement », terme apparu
avec la réforme de 2009, celle-ci demeurant encore balbutiante. Actuellement, six
services aux moyens et missions disparates forment cette communauté que le
CNR est chargé de coordonner. Curieusement, de nombreuses structures
développant elles-mêmes des activités de renseignement n’en sont pas membres,
ce qui a pour effet de maintenir une segmentation préjudiciable de l’action
étatique. L’élargissement du périmètre de la coordination en fonction des besoins
exprimés ou ressentis (sur une thématique, un dossier, une priorité nationale…)
pourrait donc contribuer à améliorer l’efficacité globale de l’État.
Dans la pratique, un premier cercle constituerait un noyau dur, qui
comprendrait la DGSE, la DCRI, la DRM et la DPSD, désignées par un arrêté du
Premier ministre comme des « services de renseignement » (ce qui leur permettrait
d’accéder à l’intégralité des moyens spéciaux prévus par la loi relative aux
activités de renseignement).