Là encore, plus que de fichiers, il s'agit d'informations disséminées dans des millions de dossiers individuels concernant les
enseignants pris dans leur ensemble.
Cette situation, sans avoir pu procéder à une enquête exhaustive,
concerne, semble-t-il, la quasi-totalité des grands ministères.
V. Cas de fichiers dont l'existence a été prouvée et dont on ne retrouve ni
la trace ni la preuve de leur destruction.
Sur ce point, disions-nous, « de larges zones d'ombre subsistent ». Pratiquement, dans leur quasi-totalité, les fichiers généraux
ou spéciaux dont nous avons établi l'existence dans la première
partie de notre rapport ne figurent dans aucun inventaire d'archives.
De même, aucune archive ne permet d'en établir la destruction à
un moment ou un autre.
Seuls quelques indices permettent de penser que les fiches
individuelles éditées à partir du recensement des activités professionnelles entrepris en juillet 1941 ont été détruites.
Rappelons que ces fiches étaient destinées à lever une armée
de conscrits en cas d'invasion de la zone non occupée par les
armées allemandes.
Dans un exposé consacré à l'histoire du Service de la démographie (devenu ultérieurement le Service national de la statistique),
A. Caffot s'exprime ainsi : « Malheureusement, le travail effectué
ne servit point. Destiné à jouer principalement lors d'une quelconque
invasion de la Wehrmacht en zone sud, le dispositif ne fut pas
déclenché le 11 novembre 1942, alors que cette intrusion brutale
devenait un fait accompli. L'état-major des Armées de Vichy ne
donna aucun ordre, se repliant un peu dans l'incohérence sur
Alger (...) Et le SNS dut se résigner à faire procéder à la destruction
de tous ces documents compromettants qu'il avait élaborés avec
tant de soin. »
Peut-être un appel public à des témoignages permettrait de
réunir quelques indices permettant de répondre à nos interrogations.
Car enfin — pour ne citer que celui-là —, comment le fichier du
recensement des juifs géré par la préfecture de Police jusqu'à la
Libération a-t-il pu disparaître, malgré son volume, sans laisser de
traces ?
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