Chapitre I
Les systèmes de fichage sous l'Occupation.
L'usage d'un «fichier des juifs» unique et localisé ne correspond pas à la réalité de l'époque, sauf à ne viser que le fichier
constitué à l'occasion du recensement obligatoire de la population
juive.
Même de ce point de vue, on ne peut parler d'un fichier unique
et central puisque, avant la phase de centralisation, ce recensement donnait lieu à la constitution de fichiers locaux (en copie) ;
sans compter que les opérations de recensement furent conduites
séparément en zone occupée (ZO) et en zone non occupée (ZNO).
En réalité, il y eu de multiples fichiers, correspondant le plus
souvent :
soit à la mise en œuvre d'une succession de mesures législatives
ou réglementaires anti-juives ;
soit à la création de services spécialisés tels que le Commis
sariat général aux questions juives (CGQJ), la Police aux questions
juives (PQJ), etc.
C'est, par conséquent, en analysant tant les textes de la
législation anti-juive que les missions des services chargés de les
appliquer que nous sommes parvenus à dresser l'inventaire des
fichiers qui, selon toute probabilité, furent mis en œuvre à l'époque.
Compte tenu de leur importance, nous distinguerons les
fichiers de recensement des autres fichiers dits « spécialisés »
(ex. : cartes d'alimentation) ou « de mission » (ex. : fichiers de
la Police aux questions juives).
I.
La constitution de fichiers liés à des opérations de recensement.
A — CAS DES FICHIERS DIRECTEMENT CONSTITUÉS A L'OCCASION
DE RECENSEMENTS CONCERNANT LES PERSONNES RELEVANT DU
« STATUT JUIF »
Aspects juridiques.
Ces opérations résultaient de l'ordonnance allemande du
27 septembre 1940 pour la zone occupée et de la loi du 2 juin 1941
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