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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE
3. Une coopération internationale qui reste perfectible
Trois principaux axes de coopération doivent être évalués s’agissant
de la lutte antiterroriste. Dans la crise actuelle, la coopération avec la
Turquie revêt une importance cruciale dans la mesure où la plus grande
partie des jeunes djihadistes européens qui se rendent en Syrie passent par la
Turquie. Une délégation de votre commission d’enquête s’est rendue sur
place afin d’évaluer la qualité de cette coopération.
En second lieu, la coopération avec les autres pays européens est
également essentielle dans la mesure où beaucoup d’entre eux connaissent le
même problème des départs de jeunes vers le Moyen-Orient et où les filières
djihadistes ont souvent des ramifications dans plusieurs pays de l’Union
européenne.
Enfin, les États-Unis restent un partenaire essentiel de la France en
matière de lutte antiterroriste. Une délégation de votre commission
d’enquête s’est ainsi rendue à Washington pour rencontrer quelques-uns des
hauts responsables chargés de cette coopération.
a) La coopération avec la Turquie
(1) Une coopération désormais de bon niveau
Les entretiens menés par la délégation de votre commission
d’enquête en Turquie avec les personnels des services de renseignement
(DGSE, DGSI), les attachés de sécurité intérieure et d’immigration, les
responsables de l’ambassade de France en Turquie (Ankara) et du consulats
général (Istanbul) et les responsables turcs (président de la commission des
affaires intérieures de la Grande assemblée de Turquie, gouverneur
coordinateur de la région de Gaziantep, responsables de l’administration du
ministère de l’intérieur, de la police et de services de renseignement) leur ont
permis de prendre la mesure de la coopération entre la France et la Turquie
dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, des difficultés qui persistent
dans cette coopération et des améliorations qui pourraient y être apportées.
Plusieurs centaines de jeunes Français sont entrés et continuent à
entrer en Syrie via la Turquie. Selon le modus operandi le plus fréquent, le
jeune Français obtient un numéro de téléphone sur un réseau social. Il prend
ensuite un vol à destination d’Istanbul en ne présentant que sa carte
d’identité, comme le permet la pratique des autorités turques. Une fois arrivé
à Istanbul, il appelle ce numéro avec une simple carte téléphonique et suit les
instructions qui lui sont données pour rejoindre le Sud de la Turquie puis la
frontière syrienne (vers Gaziantep ou Antakya par exemple). Le passage a
lieu en général, non pas aux quelques points de passage frontaliers encore
ouverts avec la Syrie et tenus par les autorités turques (qui prennent dûment
en compte les demandes des autorités français pour traiter les éventuelles
tentatives de passage de jeunes Français) mais sur la « frontière verte », très