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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE
apparaître que ce service était marginalisé. Il y a d’abord eu une diminution
très forte du nombre d’agents par rapport à l’effectif de la Direction centrale
des renseignements généraux. En outre, de l’avis de nombreuses personnes
entendues, la réforme a été mal anticipée et mal préparée. Une personne
entendue par votre commission a ainsi pu affirmer qu’ « il a fallu tout
construire en marchant ». Le service a été finalement restructuré et renforcé en
2013, avec son remplacement par le SCRT, qui n’a toutefois pas retrouvé son
niveau antérieur à la réforme de 2008.
Dans leur rapport conjoint de novembre 2009, l’inspection
générale de l’administration, l’inspection générale de la police nationale et
l’inspection
de
la
gendarmerie
nationale
avaient
constaté
« l’appauvrissement considérable des ressources documentaires » du
nouveau service, alors même que l’efficacité d’un service de
renseignement territorial repose sur l’accumulation progressive
d’éléments, permettant de distinguer au sein d’une masse importante de
renseignements des signaux intéressants. La reconstitution de ces éléments
nécessitera donc un travail long et ardu pour les services du renseignement
territorial.
En outre, le SCRT dépend de la direction centrale de la sécurité
publique. Cette direction a de très nombreuses priorités et le renseignement
relatif aux filières djihadistes ne constitue qu’une de ses missions parmi
beaucoup d’autres. Ainsi, tant localement qu’à l’échelon national, le SCRT
peine à disposer des moyens nécessaires pour son action.
La gendarmerie nationale, qui grâce à son maillage fin du territoire,
devrait permettre de collecter de manière efficace ce renseignement de
proximité, semble par ailleurs assez peu mise à contribution, même si la
création de bureaux de liaison à tous les niveaux territoriaux devrait
permettre d’améliorer le partage d’information.
Les liens entre DGSI et SCRT ont été récemment améliorés par les
échanges de personnels et la création au plan local de bureaux de liaison
mais il est encore difficile de porter une appréciation sur le degré de
coopération des services. En tout état de cause, s’appuyant encore
insuffisamment sur le SCRT, en raison notamment des faiblesses persistantes
de ce service, l’action de la DGSI est amoindrie.
2. Des forces de sécurité aux limites de leurs capacités humaines
et techniques ?
La crise récente des filières djihadistes vers la Syrie a suscité une
mobilisation inédite des services, qui sont dès lors contraints à hiérarchiser
de manière beaucoup plus stricte les menaces qu’ils peuvent suivre et traiter.