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L’Espagne recherche aussi une homogénéisation des niveaux d’alerte
terroriste pour donner aux citoyens un message de coordination claire dans
l’Union européenne, faire connaître aux terroristes notre alliance pour les
combattre, et faciliter les mesures pour contrecarrer leurs agissements. Nous
sommes aussi convaincus du rôle important d’Europol dans la lutte contre les
contenus terroristes sur le net, et sommes conscients qu’il faut trouver des
solutions communes en ce domaine. Nous voyons d’un très bon œil l’initiative
de la Commission pour réunir dans un forum commun les États membres et les
représentants de l’industrie d’internet. Nous soutenons des initiatives comme
les projets « check the web » ou l'équipe de conseil en communication stratégique
sur la Syrie. Face aux attentats, la mesure de l’action politique est l’immédiateté
et l’efficacité des solutions apportées : c’est sur ce critère que nous jugerons nos
opinions publiques et les pays amis. L’Espagne demandera que lors de la
prochaine réunion du conseil Justice et affaires intérieures, un bilan de
l’application de ces mesures soit présenté par les coordinateurs antiterroristes.
En Espagne, l’expérience de la lutte contre le terrorisme nous a
donné une législation pénale efficace pour répondre au terrorisme en bande
organisée, comme l’était celui de l’ETA ou des Groupes de résistance
antifasciste du premier octobre (Grapo), dirigés par un ou plusieurs leaders,
avec une structure claire, une répartition des rôles et une hiérarchie. La réponse
pénale s’articulait autour de l’appartenance au groupe. L’axe était d’identifier le
groupe et les actions commises par ses participants ou ceux qui apportaient leur
collaboration. Le code pénal ne doit en aucun pas perdre de vue cette
identification. Mais les nouvelles menaces exigent une actualisation de la loi
pour prendre en compte le terrorisme individuel.
La lutte contre le terrorisme dépasse les divisions politiques
classiques. Dans la ligne de l’accord pour les libertés et contre le terrorisme
signée il y a quelques années par le président Aznar et le leader de l’opposition,
M. Zapatero, le président Rajoy et le secrétaire général du parti socialiste
M. Sanchez ont signé le 14 janvier 2015 un pacte contre le djihadisme sous ses
nouvelles formes, loups solitaires, formation passive, autoradicalisation. Un
projet de loi est en cours pour faire écho à la résolution 2178 du Conseil de
sécurité des Nations-Unies du 24 septembre 2014 qui recense les principales
menaces que le terrorisme international pose aux sociétés ouvertes, menaces qui
mettent en péril les piliers de l’État, le droit et la démocratie.
En Espagne, des mesures ont été prises pour éviter la sortie des
apprentis djihadistes et pour neutraliser la menace de ceux qui reviennent. Les
ministres de l’intérieur et de la justice travaillent sur les nécessaires réformes
législatives pour contrer ces menaces, bien différentes de celles qui ont frappé
notre pays par le passé. Dans le cadre de la stratégie globale contre le
terrorisme, un plan de lutte contre la radicalisation violente sera prochainement
approuvé par le conseil des ministres : observer, évaluer et traiter la
radicalisation et l’extrémisme violent.