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spécialistes d’une tête d’épingle de droit civil ou pénal… L’intensité du travail
sénatorial explique que je n’aie déposé qu’un amendement.
M. Jean-Yves Leconte. – Je félicite les auteurs de ce travail
considérable, qu’il n’est pas aisé de parcourir en une heure. J’étais en Égypte la
semaine dernière. Les exigences de court terme, se protéger, ne sont pas faciles
à articuler avec les exigences de moyen terme qui visent à agir sur le terreau, les
facteurs de radicalisation. Il m’a semblé aussi que l’aspect international n’était
pas assez développé. Ce problème n’est pas franco-français.
Mme Éliane Assassi. – L’exercice n’était pas facile. Je félicite le
rapporteur. Je regrette toutefois que nous n’ayons pas davantage d’échanges
entre nous. Le temps qui nous a été imparti pour consulter le rapport était, en
outre, très court. Bien que je sois venue à deux reprises, je n’ai pu lire que les
propositions. Elles sont intéressantes, mais des points ne sont pas approfondis ;
en particulier, quelles seraient les actions à mener pour
prévenir la
radicalisation ?
Ce rapport a cependant la vertu de proposer des modifications
nécessaires de notre droit, sur la réponse pénale, par exemple. Il constitue un
socle intéressant, même si les actions en amont auraient pu être davantage
développées. De plus, on ne parle que de jeunes qui adhèrent au djihad, mais la
question des femmes et des jeunes filles, souvent mineures, qui se radicalisent,
aurait à elle seule mérité un chapitre.
M. Michel Forissier. – Je ne suis pas d’accord avec ces réserves. Le
rapport dresse un tableau sans concession. Il explique par exemple en page 39
le rôle joué par la volonté de prendre une revanche face à une humiliation
perçue comme systématique ; on y parle de Guantanamo, du sentiment
d’injustice renforcé par l’incohérence de notre politique étrangère. Le texte met
en évidence les difficultés. Surtout, et c’est une qualité essentielle, il prend du
recul. Il est technique, nécessairement. Nous n’avions pas à nous écarter de
l’objet de notre commission, consacrée à l’étude de l’organisation et des moyens
de lutte contre les réseaux djihadistes. La prévention constituerait à elle seule
un autre volet. Aujourd’hui, on est dans l’urgence…
Mme Éliane Assassi. – Il faut bien marcher sur les deux jambes !
M. Michel Forissier. – Ce rapport est excellent. Je l’ai lu avec
attention et j’y ai retrouvé les points de vue exprimés par les personnes
auditionnées. Les préconisations sur les moyens sont chiffrées. Je suis heureux
d’avoir apporté ma pierre à l’édifice. La question du djihadisme peut sembler
lointaine, mais elle est très concrète. Quand on a découvert le premier djihadiste
dans ma commune je suis tombé de haut… La politique à mener en matière de
prévention, de citoyenneté, d’inculcation des valeurs républicaine est nécessaire
mais elle mérite un autre rapport. Il s’agit d’un travail de longue haleine.
M. Claude Raynal. – Je partage ce qui vient d’être dit. Sauf à rédiger
un rapport de quatre volumes, il était difficile d’aborder toutes les questions sur
l’origine du djihadisme. Il serait sans doute possible de mentionner dans