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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

peut s’appuyer sur ses sources légales mais également sur les informations
transmises par d’autres services de la communauté du renseignement. Elle
s’attache, dans ce domaine, à retracer les circuits de financement pour
reconstituer une véritable « carte financière », certains flux ne représentant
que quelques euros. Saisie des affaires de terrorisme récentes, TRACFIN a,
depuis 2011, instruit 550 dossiers de lutte contre le financement du
terrorisme et 150 dossiers sont en cours de traitement. Dès que TRACFIN
identifie des éléments d’informations rattachant le dossier au financement
du terrorisme, elle en saisit les services compétents sur le plan opérationnel.
Votre rapporteur relève la difficulté de la tâche impartie à ce service
dans ses missions de lutte contre les filières syriennes, qui s’apparente à un
véritable travail « de moines bénédictins »1 compte tenu du montant très
modeste de certains flux financiers analysés. À ce titre, il s’étonne du
caractère tout aussi modeste des effectifs octroyés à TRACFIN pour effectuer
ce travail de reconstitution des flux financiers utilisés pour le financement
du terrorisme.
7. Des services pénitentiaires devant faire face à une tâche très
lourde
Comme le souligne Farhad Khosrokhavar dans son ouvrage précité,
la prison est une institution particulièrement exposée à la radicalisation
« dans la mesure où y vivent en cohabitation forcée des individus condamnés ou en
instance de jugement qui ont un rapport souvent tendu avec la société et souffrent
quelque fois de frustration sociale, d’exclusion économique ou de stigmatisation
culturelle ».
a) Une surpopulation des maisons d’arrêts qui rend impossible un suivi
individualisé
Les maisons d’arrêt, qui ne reçoivent en principe que les personnes
prévenues placées en détention provisoire ainsi que celles dont le reliquat de
peine n’excède pas deux ans, se caractérisent par une surpopulation
chronique. Au 1er janvier 2015, le taux d’occupation moyen dans les maisons
d’arrêt était de 132,7 personnes pour 100 places.
La surpopulation carcérale induit une promiscuité qui contribue à
la dégradation des conditions de détention. Elle induit également une
concurrence pour accéder à un travail, à une formation, à une activité
sportive et même aux activités d’aumôneries et contribue à accroître les
frustrations des détenus.

1

Expression utilisée par une personne entendue par votre commission d’enquête.

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