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djihadistes et aux contenus illégaux sur Internet était un exercice vain 1 au
regard de la masse de données à surveiller et de la facilité de diffusion et de
réouverture de sites et contenus supprimés. Dans la plupart des cas,
l’approche des autorités américaines s’appuie sur la déconstruction de la
propagande, la diffusion du contre-discours par l’intermédiaire des
communautés et de la société civile. Sur le plan sécuritaire, les autorités
considèrent qu’il est plus intéressant et plus efficace de surveiller la
diffusion des idées djihadistes sur Internet dans le cadre du travail de
renseignement et de construction d’enquête ayant une perspective de
« judiciarisation ».
6. Un financement du terrorisme difficile à appréhender
L’une des clés de la prévention et de la répression du terrorisme est
le contrôle et l’entrave des moyens financiers dont disposent les
organisations pour attirer et maintenir en leur sein des combattants et
organiser leurs actions criminelles. Il convient cependant de faire la
distinction entre le financement « macroéconomique » des organisations
terroristes, qui s’appuient sur des moyens importants, et les circuits de
micro-financements, qui mobilisent des sommes modestes, utilisés par les
combattants étrangers pour les rejoindre.
a) D’un financement « industrialisé » des organisations terroristes…
Le maintien dans leurs rangs de milliers de combattants,
l’acquisition d’armes et d’explosifs, l’organisation matérielle d’actions
terroristes à l’étranger et le développement d’une capacité technologique
opérationnelle constituent autant d’activités imposant aux organisations
terroristes de disposer de moyens financiers importants. Le contrôle d’un
territoire par Daech place cette organisation dans une situation singulière
par rapport à ses « homologues » puisque son emprise territoriale lui
procure d’immenses ressources financières. Outre les liquidités pillées à la
Banque centrale lors de la prise de Mossoul 2 et les recettes provenant de la
contrebande de pétrole 3 et d’activités criminelles diverses4, Daech dispose,
grâce au contrôle de ce territoire, de ressources financières
« renouvelables »5, pour reprendre l’expression de M. Adam J. Szubin,

Faisant référence au jeu « Wack-a-Mole » qui consiste à « taper » sur des taupes sortant de
différents trous.
2 Cette soulte représente un montant colossal évalué, par certain spécialistes, à près d’un milliard de
dollars.
3 Manne qu’il convient de ne pas négliger compte tenu de la richesse en pétrole du sous -sol du
territoire contrôlé par Daech. Entre 10 000 et 100 000 barils seraient vendus chaque jour, entre 20 et
30 dollars l’unité, à des intermédiaires en Turquie ou en Syrie.
4 Parmi lesquelles la contrebande de biens appartenant au patrimoine culturel syrien et irakien.
5 Ressources liées à la « taxation » par Daech des salaires des fonctionnaires irakiens ou des pensions
de retraite qui continuent, pour des raisons politiques, à être payés par le gouvernement irakien.
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