Les débats en cours
2 — VERS DES SERVICES D’AUTHENFICATION
À L’ÉCHELLE DE LA PLANÈTE ?
Parallèlement à l’intégration de la mobilité et à la convergence progressive
avec la téléphonie, les « services à accès » pourraient signer une tendance de fond
du développement de l’Internet. Désormais, les services marchands d’une part, les
applications à caractère communautaire d’autre part, pourraient être accessibles à
un cercle plus restreint, sinon privé, d’internautes ou de mobinautes. Cette évolution
est sans doute une réponse à l’actuelle crise que connaît le web.
En effet, le modèle économique du web reposant sur une communication
libre et gratuite, rémunérée par l’audience et la publicité en ligne est en crise. À
l’inverse, Internet en tant que système de transport des données ne cesse de croître et
de s’affirmer avec des applications étrangères au web. Aussi, si le web représente
aujourd’hui 45 % du trafic Internet, on admet communément qu’il n’en représentera
plus que 10 % en 2005.
Ces observations pourraient rendre compte, sinon de la difficulté d’opérer
par le procédé de signature électronique une « greffe de confiance » dans un univers
« anarchique » qui lui serait rétif 1, du moins de la très grande complexité des architectures juridiques et professionnelles de la signature électronique, laquelle n’a, au
demeurant, guère d’utilisateurs dans l’univers du web.
En revanche, l’encouragement de la signature électronique pourrait accélérer les évolutions en cours vers les « Virtual Private Network » (VPN), appelés quelquefois improprement « web services », qui correspondent non plus à un univers
ouvert, homogène et universaliste, mais à un espace numérique fragmenté où les
membres d’une communauté se retrouvent autour de fonctionnalités de « confiance
interne ».
Cette fragmentation de l’espace virtuel rendra d’autant plus précieux, sinon
indispensable, les « passerelles » entre nos multiples points d’entrée aux VPNs et un
lien entre nos « identités numériques » partielles.
Dans ce contexte, les géants mondiaux de l’industrie informatique ont pris
l’initiative d’offrir des solutions généralistes et à vocation universelle au travers de
deux projets, jusqu’à présent concurrents, lancés au cours de l’année 2001 : Passport de Microsoft (comprenant des fonctionnalités autrement plus étendues que le service actuel éponyme) et Liberty Alliance autour d’un consortium animé par Sun
Microsystèms sont actuellement en cours d’élaboration pour être intégrables aux nouvelles architectures de « web services ». Ces deux projets ont la même ambition professionnelle mais suivent, jusqu’à présent, deux approches différentes quant aux
modalités de stockage physique (centralisé ou réparti) des données personnelles et
quant à leurs modèles économiques respectifs. Les premiers résultats des travaux sont
1 L’univers « anarchique » du web à propos duquel la Cour fédérale de Pennsylvanie des États-Unis, dans
une importante décision du 12 juin 1996, avait énoncé « tout comme la force d’Internet est le chaos, la
force de notre liberté dépend du chaos et de la cacophonie, de la liberté d’expression sans entrave que
protège le Premier Amendement [de la Constitution américaine établissant le principe de la liberté d’expression] »
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CNIL 22 rapport d'activité 2001