Livre blanc de la sécurité intérieure
entreprises génèrent 41 % du chiffre d’affaires et les structures de moins
de 20 salariés représentent 90 % des entreprises mais seulement 11,5 % du
chiffre d’affaires. En outre, le secteur compte environ 8 000 entreprises
sans salarié, soit près de 70 % du total.
L’INSEE éclairait sur l’état du secteur dans une étude de 2018(11). L’Institut
révélait que le taux de marge moyen était alors de 3,7 % contre 6,9 % pour
l’ensemble des activités de soutien et que près de 30 % des unités avaient
une rentabilité négative. Les délais de paiement des clients étaient élevés
en moyenne, en comparaison de ceux constatés dans les autres activités de
soutien : un quart des unités constatait un délai moyen supérieur à 75 jours
de chiffre d’affaires. Enfin, ce secteur se caractérise par des rémunérations
modestes : deux tiers des salariés percevaient moins de 13€ bruts par
heure (le salaire brut horaire moyen en France approchait alors 20€). Enfin,
l’INSEE soulignait un faible niveau de qualification et d’encadrement avec
seulement 2 % de cadres dans le secteur.
Ces données ne sont pas inquiétantes en tant que telles, mais, s’agissant
principalement d’une activité de main d’œuvre, elles risquent de se traduire
par des dynamiques économiques défavorables : une hyper-concurrence
tirant les prix vers le bas, des marchés faiblement rémunérateurs peu
propices à l’investissement dans la ressource humaine, une dimension
RH nécessitant une montée en gamme (formation, parcours de carrière,
déontologie, contrôle).
De ce fait, en France, la sécurité privée n’est pas encore bien identifiée ou
reconnue comme étant un partenaire de pleine confiance des forces de
sécurité intérieure. Dans sa mission même, la sécurité privée se restreint
à la protection des biens et des personnes dans la limite des contrats
qui encadrent ses prestations. Or l’intégration au continuum de sécurité
implique de réfléchir à la prise en compte des intersections entre espace
privé et espace public, champ contractuel et contribution à la sécurité
publique.
Près de 180 000 agents de sécurité privée exercent, outre la surveillance
humaine, des fonctions de protection de sites et de surveillance par vidéo,
déploient des équipes cynophiles, interviennent dans le contrôle des
passagers notamment du secteur aérien, mais également dans les zones
commerciales et les transports publics. Leur vocation est de se développer
sur des marchés nouveaux par un accroissement de compétence et
une amélioration des formations. Ils répondent ainsi à une demande en
complémentarité avec les forces de sécurité intérieure.
Au-delà de ces intervenants bien connus et aujourd’hui acceptés par
la population comme contribuant à sa sécurité immédiate, émergent
depuis plusieurs années des intervenants spécialisés, notamment dans
les transports aériens mais également ferrés. Le transport aérien se
caractérise d’ailleurs par une privatisation totale du contrôle des voyageurs
et des biens, sous le contrôle permanent des forces de sécurité intérieure.
Par ailleurs la SNCF et la RATP se sont dotées d’équipes de sécurité, en
complément de l’historique police des transports, disposant depuis la loi
relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités, contre les atteintes
à la sécurité publique et contre les actes terroristes dans les transports
collectifs de voyageurs de 2016 (loi dite « Savary ») de compétences
d’intervention accrues et permettant en complément, ou principalement
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« Les entreprises de sécurité privée : une faible rentabilité malgré une vive
croissance », dans INSEE Première, n°1720, paru le 22/11/2018.
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