3.2.2. Le secteur privé est un acteur émergent dans la mise en œuvre des
politiques de sécurité intérieure
La sécurité privée a connu un développement encore plus important
tant par le nombre de salariés affectés à des missions de surveillance
ou de protection que par les types d’intervention et les spécialités
professionnelles reconnues. Cette dynamique se vérifie également chez les
voisins européens de la France (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni).
Le secteur de la sécurité privée recouvre deux grands types d’acteurs. Il
s’agit en premier lieu des entreprises de sécurité privées, qui proposent
des prestations de sécurité à leurs clients dans le cadre d’un marché. Par
ailleurs, le secteur comprend les entreprises qui se sont dotées de services
de sécurité pour leur propre bénéfice.
Les entreprises de sécurité privée ne sont pas nouvelles dans le paysage
français, mais leur rôle ne s’est précisé que récemment et progressivement.
La loi de 1983 posait les bases d’une profession réglementée, sous le
contrôle de l’État. Progressivement, la sécurité privée a été admise et
reconnue comme un acteur à part entière de la sécurité. Dans certains cas,
en fonction des missions (transports publics par exemple), les entités ont
pu se voir attribuer des compétences renforcées et particulières.
En raison de l’attente de sécurité, notamment dans les espaces privés
ouverts au public, la sécurité privée devient un acteur important de la
mise en œuvre des politiques de sécurité intérieure. Elle intervient dans
de nombreux domaines : gardiennage, télésurveillance, vidéoprotection,
transport de fonds… Les entreprises privées de sécurité sont actives sur
tout le territoire, de manière croissante. En Outre-mer, elles jouent un rôle
essentiel dans le continuum de sécurité.
La crise sanitaire de la COVID-19 a également mis à l’épreuve le continuum
de sécurité entre les forces de sécurité intérieure et le secteur privé de la
sécurité. Les textes liés à l’urgence sanitaire ont, comme pour les polices
municipales, pu prévoir des extensions de compétences circonstancielles.
Ainsi, les agents de sécurité assermentés dans les transports ont été
habilités à relever la contravention pour non-port du masque de protection
sanitaire.
Cependant, la sécurité privée reste l’acteur le moins structuré et le moins
intégré dans le partenariat de sécurité. En 2018, le secteur de la sécurité
privée réunissait près de 11 500 entreprises(10) (+22,6 % en 8 ans) employant
177 300 personnes (+19 % en 10 ans) et réalisant un chiffre d’affaires de
7,6 Mds€ dont la croissance annuelle est d’environ 3 % depuis 10 ans.
Cependant, le secteur de la sécurité privée souffre d’une grande inégalité
dans la qualité des prestations et d’une forte atomisation de ses acteurs.
Les prestations réalisées sont de niveaux très variables, entre des services de
pointe (sécurité des opérateurs d’importance vitale, sûreté aéroportuaire)
et des services, notamment de gardiennage, présentant de fortes marges
de progression (niveau de recrutement et de formation, moralisation).
De même, le secteur est marqué par une très forte atomisation dans un
paysage où peu d’entreprises réalisent une forte proportion du chiffre
d’affaires tandis qu’une grande partie des entreprises n’ont que peu, voire
aucun salarié. Ainsi, selon les données de la branche, les 39 plus grandes
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Données 2018 issues de l’enquête de branche Prévention-Sécurité réalisée pour
l’Observatoire des métiers de la prévention et de la sécurité.
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