seuls intérêts vitaux ne suffisait pas ; il est nécessaire de penser « sécurité
systémique » de l’ensemble des acteurs des chaînes économiques.
Les risques liés à cette sécurité économique sont aussi bien capitalistiques
(attaques par des fonds activistes étrangers), réputationnels (campagnes
de e-réputation sur Internet), industriels (vol de brevets ou de technologies
innovantes) que juridiques (enjeux liés à la justice extraterritoriale). Ces
risques polymorphes ont entrainé une volonté politique forte axée autour
de la souveraineté et de la défense des intérêts économiques fondamentaux
de la Nation. Cette réponse, portée au plus haut niveau de l’État se fait
autour des différents ministères, celui de l’Intérieur y ayant toute sa place.
Là encore, des dispositifs sont prévus à la fois en interne et sous l’angle
partenarial. Les entreprises et administrations peuvent par exemple se doter
de plans de continuité d’activité face à des événements perturbateurs ou des
crises majeures. Les pouvoirs publics, au moyen de guides, accompagnent
ces démarches. D’autres actions de communication et de formation ont
été entreprises autour de la sécurité économique, notamment au travers
d’actions de sensibilisation des entreprises à la sécurité informatique et aux
risques de prédation économique par les services de renseignement. Par
ailleurs, la police et la gendarmerie nationales ont développé les référents
sûreté pour agir en prévention face aux actes de délinquance et à la
malveillance économique.
Cependant, la prise en compte de la dimension sécuritaire par les acteurs
économiques et leur préparation face aux enjeux semblent encore fragiles.
Tous ne sont pas dotés de référents ou de directeurs de sécurité ou
sûreté, souvent faute de moyens ou de capacités techniques. L’enjeu est
particulièrement sensible pour les acteurs économiques les plus modestes
qui doivent concentrer leurs moyens sur leur activité première. Pourtant, la
bonne appropriation des enjeux de sécurité peut s’avérer vitale pour leur
activité.
Outre la question des capacités et des moyens des acteurs économiques à
s’approprier les enjeux de sécurité, l’évolution de ces derniers est une autre
difficulté à laquelle font face les entités économiques. Les nouvelles crises,
par exemple sanitaires, les nouvelles menaces, par exemple terroristes, et la
grande variabilité de leur survenance (temporelle, spatiale) sont des facteurs
d’incertitude qui rendent difficile la préparation et obèrent la capacité de
réponse des acteurs socio-économiques. Ainsi, la crise sanitaire liée à la
COVID-19 en 2020 a révélé la difficulté à définir nettement le périmètre
des activités majeures dont la continuité était importante pour le pays,
ainsi que les fragilités dans la préparation (par exemple, l’appropriation des
plans de continuité d’activité) par les acteurs socio-économiques face à
une crise inédite.
Par conséquent, ce sont bien une attente et une nécessité de sécurité
globale qui émergent de l’atomisation du risque et de la menace dans
ses origines, ses formes et ses cibles. Pour y répondre, il est nécessaire de
renforcer l’acculturation aux enjeux de sécurité, de favoriser l’information
et la coordination des acteurs et de préparer la capacité de résilience et de
réponse de chaque structure.
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