Il concerne ses relations avec les usagers et ses modes d’action (champ de
vulnérabilité de l’écosystème sécuritaire national, techniques d’enquêtes,
etc…).
Les mutations sociétales se reflètent également dans une judiciarisation
croissante de la société. Elle implique une vigilance et une technicité
accrues des forces de sécurité au cadre de leur action et la prise en charge
de procédures toujours plus nombreuses et complexes, notamment un
cadre juridique de plus en plus contraignant, fruit de la conjugaison des
règles nationales et européennes.
2.1.3. Les violences à l'égard des dépositaires de l'autorité augmentent
La montée des violences constatée dans la société s’exerce également de
façon continue contre les représentants de l’État. Gendarmes, policiers et
pompiers, dépositaires de l’autorité, sont fréquemment l’objet d’agressions
dans l’exercice de leurs missions, ce qui a conduit, ces dernières années, à
repenser les compétences et la protection des agents (formations dédiées
à la gestion de conflit, protocoles opérationnels inter-forces, caméraspiétons). En un an, une forte hausse des agressions contre les policiers, les
gendarmes mais aussi les pompiers est constatée dans l’exercice de leurs
missions : près de 34 000 faits contre les policiers en 2019, près de 11 000
faits contre les gendarmes (+6 % en un an), quelque 2 000 faits contre les
pompiers (+19 % en un an).
Ce phénomène, dont l’ampleur et l’intensité sont inédits dans notre histoire
récente, est une des démonstrations de la défiance développée par une
partie des Français à l’égard des forces de sécurité. Les agressions contre
les sapeurs-pompiers connaissent une évolution préoccupante. Elles sont
souvent le fait des personnes secourues elles-mêmes (stress, alcool, drogue,
fragilités psychologiques, etc.) et font peser des menaces sur l’efficacité
des secours.
A travers eux, ces violences visent les institutions de la République qui
constituent désormais des cibles symboliques de l’État et de la force
légitime (par exemple l’incendie de la préfecture de la Haute-Loire en 2018,
les atteintes à des commissariats et des brigades de gendarmerie), de la
démocratie représentative (par exemple les dégradations de permanences
parlementaires) et de l’Histoire collective (par exemple les dégradations de
l’Arc de triomphe en 2018).
Au cours des deux dernières années, les opérations de maintien de l’ordre
ont cristallisé cette expression de la violence. Toute forme de manifestation
peut devenir un cadre d’expression de la violence : rencontres sportives,
manifestations revendicatives… Le déclin des corps intermédiaires et
l’absence d’interlocuteurs de confiance parmi les manifestants a entravé
la capacité de la force publique à trouver les voies de négociation ou
de régulation alors que de nouvelles formes de manifestation radicale
s’installent dans la durée (black blocks, ultra jaunes, zones à défendre,
mouvements identitaires et ultras). Cet état de fait conduit le ministère
de l’Intérieur à repenser sa stratégie de rétablissement de l’ordre public et
à renouveler ses modes de communication pour pallier la disparition des
interlocuteurs traditionnels.
Toutefois, la défiance d’une fraction de la population vis-à-vis des forces de
sécurité ne doit pas masquer la confiance très majoritaire que lui accorde
régulièrement la population. En 2019, selon l’enquête CVS, près des deux
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