des personnes légitimement surveillées, mais elles sont beaucoup plus
variables, et donc beaucoup moins fiables que les précédentes dans de
nombreuses circonstances. D’autres biométries, qui semblent secondaires
comme l’odorologie, présentent cependant un véritable intérêt dans des
situations où les précédentes sont inopérantes.
Le fonctionnement, les performances et le contrôle d’un système
biométrique s’analysent globalement, et à travers chaque sous-système
allant du capteur, au traitement du signal, au stockage de la donnée et aux
moteurs de rapprochement biométriques.
Face aux développements scientifiques et technologiques récents, le
ministère a besoin d’augmenter l’activité de veille et de recherche à
caractère opérationnel en matière biométrique, en coopération étroite
avec les institutions homologues au niveau international et des laboratoires
de recherche publics ou privés de différentes disciplines.
Sur cette base, les services publics du ministère pourraient passer d’une
position de consommateurs de technologies biométriques à une logique
de prescripteurs de développements appliqués correspondant mieux à
leurs besoins, par orientation plus précoce du marché.
Proposition :
Créer un Laboratoire d’innovation biométrique français, commun au
SCPTS et au PJGN, pour développer davantage de projets de recherche
collaborative, au niveau national comme au niveau international.
4.2. Adopter une approche criminalistique multi-biométrique
Les biométries opérationnelles sont nées à des époques différentes et
se sont développées de manière relativement étanche, ce pli ayant été
exacerbé par la doctrine nationale de stricte segmentation des fichiers.
Aujourd’hui, les bases biométriques du ministère de l’Intérieur demeurent
totalement autonomes les unes par rapport aux autres. Particularité
française supplémentaire : au sein des fichiers de police, les données
génétiques et papillaires sont isolées dans des fichiers spécifiques dits
« d’identification ». Par conséquent, les identités qui sont enregistrées entre
les différents fichiers n’y sont pas automatiquement harmonisées. Des
données relatives à une même personne peuvent être enregistrées sous
des identités différentes d’une base à l’autre. Cela complique et alourdit
inutilement le travail des enquêteurs, qui doivent interroger des bases
différentes, mais aussi réaliser des saisies multiples. Lorsque des erreurs
sont introduites à l’occasion des signalements, les anomalies ne sont que
rarement détectées et rectifiées.
Ce fonctionnement rend très difficile la détection de l’utilisation d’alias de
la part de personnes mises en cause. De plus, cette ségrégation historique
est à l’origine d’un retard français dans l’utilisation efficiente des données
biométriques dans les fichiers par rapport à nos pays partenaires et à
l’Union Européenne.
Il convient aujourd’hui de réexaminer l’apport des biométries aux métiers
de la sécurité intérieure en développant une vision et une stratégie
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