1. De l’insécurité du quotidien à la grande criminalité, la délinquance se
manifeste sous des formes multiples
Avant toute réflexion du ministère de l’Intérieur sur ses missions et moyens,
il est nécessaire de le mettre en regard avec les évolutions qui affectent son
action, son fonctionnement et la manière dont la société le perçoit .
L’état de ces évolutions, notamment celles porteuses de risques pour
la société française, qui conditionnent l’action présente et future du
ministère de l’Intérieur, n’a pas l’ambition de proposer un tableau exhaustif.
Il vise davantage à identifier les principaux facteurs de tensions et points
de vigilance d’un ministère en interaction directe avec les changements
dans les modes de vies, les équilibres socio-économiques et les enjeux
sécuritaires.
Ministère de la citoyenneté, de la sécurité et de l’administration du territoire,
le ministère de l’Intérieur ne peut en effet se projeter dans l’avenir et
envisager de revoir ses modes d’action sans comprendre l’environnement
dans lequel il évolue.
En premier lieu, viennent les menaces à la cohésion nationale, dont le grand
débat conduit en 2019 a pu se faire l’écho. Le pacte social et républicain,
dont le ministère de l’Intérieur est l’un des principaux garants, est exposé
à des risques de fractures de multiples natures. Elles sont notamment
territoriales, du fait des dynamiques diverses connues par les territoires
(urbain/rural, centre/périphérie, métropolisation). La société française
est en outre marquée par un creusement des écarts socio-économiques
entre catégories de la population. L’accès différencié aux services publics
peut créer des fractures et inégalités civiques entre citoyens. Des lignes de
fracture culturelles apparaissent au travers d’un risque de séparatisme au
sein de la société française et de dépassement de la logique nationale.
À ces dynamiques internes, souvent endogènes, s’ajoutent des mouvements
hors des frontières qui affectent la structuration de la société française,
les référentiels collectifs et les actions à conduire : flux informationnels,
migratoires, influences culturelles, effets de comparaison.
Au-delà des risques portant sur la cohésion nationale, les défis du progrès
technologique bouleversent ce cadre d’action. Dans la société qui se
numérise toujours davantage, le ministère de l’Intérieur doit être capable
de suivre le rythme des innovations, parfois de rupture, en s’appropriant les
capacités offertes tout en anticipant et maîtrisant les mésusages possibles.
Ce faisant, il doit aussi tenir compte des risques de fracture numérique
et d’appropriation différenciée de la société numérique par les citoyens.
Dans l’ensemble, comme gardien des libertés publiques, le ministère de
l’Intérieur doit donner une enveloppe précise au droit des technologies
dans l’exercice de la citoyenneté et l’offre de sécurité.
Autre enjeu majeur, l’urgence écologique devient un dénominateur commun
rassemblant le pays dans une volonté de préserver l’environnement et de
bénéficier d’un cadre de vie plus respectueux de la biodiversité. Cette
urgence suscite également des oppositions, parfois radicales, autour
de projets d’aménagement ou de normes d’exploitation, qui mettent à
l’épreuve le contrat social et l’autorité publique.
Dans ce contexte dynamique, comment les menaces et les phénomènes
délinquants évoluent-ils ? Quel impact génèrent-ils sur le sentiment de
sécurité ? Que suscitent-ils comme attentes populaires ?

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