Livre blanc de la sécurité intérieure
un risque naturel ou technologique répertorié et bien identifié par des
riverains pré-sensibilisés. Ailleurs, l’information diffusée sous forme sonore
peut plus couramment susciter l’incompréhension, voire de la panique ou
des mauvais réflexes.
L’élargissement des canaux de diffusion recherché depuis 2009 par le
Système d’alerte et d’information des populations (SAIP) a jusqu’ici connu
des résultats mitigés. Les opérateurs de télécommunications nationaux
n’ont guère montré de volonté d’adaptation spontanée de leurs installations
techniques, et l’expérience de l’application sur ordiphone entre 2015 et
2018 s’est soldée par un échec. Pourtant, un volet d’alerte par téléphonie
mobile plus consistant et plus performant serait sans doute un outil très
utile dans la plupart des configurations.
Les relais médiatiques ou les réseaux sociaux apparaissent souvent
performants en termes d’information, mais ne répondent que très
partiellement au besoin de diffusion de l’alerte initiale.
Les retours d’expérience sur l’incendie d’un site industriel à Rouen du
12 février 2020, ainsi que pour la crise sanitaire de la COVID-19, soulignent la
nécessité de rénover plus activement le dispositif d’alerte et d’information
des populations. De surcroît, cette remise à niveau est rendue en partie
obligatoire d’ici à juin 2022 par la directive européenne de décembre 2018
qui prévoit «l’envoi de messages groupés» aux téléphones mobiles dans les
zones d’alerte de danger.
Il s’agit d’employer les meilleures technologies disponibles pour renforcer
profondément le dispositif et diversifier les modalités d’alerte comme
d’information du public. Dans certaines situations telles que le besoin
d’assistance ou de secours, il faudrait même pouvoir établir des canaux
interactifs.
Le nouveau Code européen des communications électroniques permettra
d’imposer aux opérateurs les développements techniques nécessaires à
l’émission massive et simultanée de messages à tous les terminaux localisés
dans le périmètre de couverture d’une ou plusieurs antennes-relais de
téléphonie mobile.
Une étude de cadrage a été lancée fin 2019 pour préparer le nouveau projet
d’alerte aux populations, baptisé «FRAlert», en intégrant les contraintes
qui pèsent sur les services publics de la sécurité intérieure :
– Capacité d’adresser des messages à l’ensemble des terminaux présents
dans la zone définie lors de l’alerte ou d’un évènement, statique ou
mobile, à destination des résidents comme des visiteurs de passage, quel
que soit le fournisseur de service ou le modèle de terminal ;
– Capacité de recensement du nombre total de terminaux mobiles actifs
dans la zone définie, afin d’évaluer la densité de la foule lors des grands
rassemblements, pour mieux détecter les risques de saturation et de
vulnérabilité aux mouvement de foule dangereux ;
– Capacité d’alerte non seulement à l’intérieur du périmètre de danger
mais aussi à proximité, afin de favoriser l’évacuation des lieux en cas de
danger.
Deux technologies voisines ont été expertisées par l’étude, la diffusion
cellulaire (Cell Broadcast en anglais) et le SMS géolocalisé (ou LB-SMS), et
conclut à leur complémentarité. La technologie de diffusion cellulaire, est
privilégiée dans de nombreux pays, car plus robuste à l’encombrement de
réseau que l’envoi de sms et autorise jusqu’à 1 300 signes.
223