Livre blanc de la sécurité intérieure
Aux difficultés de gouvernance stratégique, s’ajoutent des difficultés
d’ordre budgétaire, technique, juridique et opérationnel, qui impactent la
capacité du ministère à recruter à bon niveau.
1.2.2. Renforcer quantitativement et qualitativement les capacités humaines
du ministère de l’Intérieur
Si le ministère de l’Intérieur a intégré les enjeux cyber dans son organisation
et sa montée en compétences, son empreinte dans l’écosystème
de cybersécurité reste faible. Cette faible position est d’autant plus
dommageable que, compte tenu de son positionnement sur les enjeux
sécuritaires croisés (cf. supra), le ministère peut jouer un rôle de premier
plan dans le renforcement de la cybersécurité de la Nation. Afin de faire
face aux besoins cyber, la feuille de route 2018 identifiait un objectif
d’augmentation de 50% des ETPT à horizon 2022. Le Livre blanc propose de
retenir cet objectif comme étant un minimum à atteindre. Il recommande,
dans ce plan de rehaussement des moyens humains, de doubler le nombre
d’enquêteurs cyber à temps plein, dans les unités spécialisées (C3N,
OCLCTIC, DGSI, BEFTI), ainsi que les enquêteurs primo-intervenant.
En outre, le ministère doit se donner les moyens de porter ses compétences
à l’état de l’art et de les ajuster au gré des besoins, fortement évolutifs, des
enjeux cyber.
Au recrutement, le ministère peut s’engager vers une plus grande ouverture
à des profils externes à l’administration apportant des compétences
adaptées de haut niveau. Pour recruter les meilleures compétences,
le ministère doit se donner les moyens de proposer des niveaux de
rémunération compétitifs au risque de ne pas pouvoir rivaliser avec les
entreprises privées, alors que le secteur cyber est fortement compétitif au
plan salarial.
Durant la carrière, des parcours de formation doivent être tracés afin
de maintenir les ressources à un niveau de compétences élevé. La forte
évolutivité des questions cyber implique d’avoir une vigilance accrue sur
ces enjeux de formation. Par ailleurs, une offre de formation aboutie peut
renforcer l’attractivité du ministère, par le maintien de l’employabilité
des agents. Par ailleurs, des parcours de carrière devront être déterminés
par une vision globale des emplois (cybercriminalité, SSI, innovation). Sur
l’ensemble de ces sujets, une attention particulière devra être portée aux
cadres A+, afin de disposer au plus haut niveau de l’administration du
ministère d’une vision globale des enjeux cyber, de piloter la matière au
niveau central comme à l’échelon déconcentré et d’intégrer massivement
les institutions de l’écosystème cyber (ANSSI, DGSE, DGA, COMCYBER).
Les partenaires du ministère de l’Intérieur doivent également poursuivre
leur effort de montée en capacité cyber, et notamment le ministère
de la Justice. Face à la croissance du cybercrime, il est indispensable de
penser également les compétences cyber des magistrats spécialisés et
de poursuivre l’effort entamé y compris au niveau de l’instruction et en
déconcentré.
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