Livre blanc de la sécurité intérieure
B. Seconde option : décloisonner et déconcentrer pour unifier la police
nationale
Le second modèle, en poursuivant le même objectif de rassembler les
diverses « briques » d’un même métier sous l’autorité d’un chef de filière
positionné à chaque échelon territorial, pousse la logique de clarté et de
simplicité jusqu’à son terme en instaurant une gouvernance unifiée. Le
modèle préconise les adaptations de la gouvernance nécessaires à l’échelon
central tout en veillant à les articuler au niveau déconcentré le plus fin.
Des filières pour offrir à chacun des métiers de la police nationale : identité,
culture partagée et cohérence dans l’action
L’organisation de la police nationale est marquée par sa verticalité qui,
au fil du temps, a juxtaposé des services aux compétences croisées. Par
exemple, l’activité d’investigation est éclatée entre la police judiciaire,
la sécurité publique, la police aux frontières et le service central de la
police technique et scientifique. Cet entrecroisement de champs de
compétence ne contribue pas à la lisibilité de l’action des policiers par
les partenaires extérieurs. L’existence de doublons, en termes de missions
ou d’équipements, est source parfois de rivalités voire de conflits entre
directions. La multiplication des protocoles de coordination passés entre
directions de police est révélatrice d’une organisation de plus en plus
sclérosée.
Dans ces conditions et partant des mêmes constats que l’hypothèse
précédente, le deuxième modèle propose un regroupement de l’ensemble
des métiers et des spécialités de la police au sein d’un nombre limité
de filières métiers : paix et ordre publics, investigation, renseignement
territorial, protection aux frontières, protection et intervention, assorti
de missions transverses telles les ressources humaines et les moyens ou la
coopération internationale.
Chacun des policiers et agents de la police nationale relèverait par voie de
conséquence de l’une de ces filières.
Unifier la gouvernance de la police nationale
Le DGPN, dont chacun attend qu’il soit en position de devenir le patron
d’une organisation de grande taille et d’incarner la puissance et l’unité de la
maison, doit pour cela pouvoir s’appuyer sur un directeur général adjoint,
ayant autorité sur les directeurs nationaux en charge de chaque filière métier.
La DGPN devra également pouvoir s’appuyer sur une direction nationale en
charge des missions support, par nature transversales (ressources humaines,
formation, budget). À la différence des actuels directeurs centraux, les
directeurs nationaux thématiques chargés de piloter chacune des filières et
rattachés au DGPN et à son adjoint, seraient donc déchargés des tâches de
gestion des personnels ou des moyens pour leur permettre de se consacrer
uniquement au pilotage national de la filière selon un schéma s’inspirant
de celui qui est en cours aujourd’hui au service central du renseignement
territorial et qui a donné de bons résultats depuis 2014.
Cette évolution constitue le socle d’un pilotage profondément rénové de
la police nationale qui devra nécessairement s’appuyer sur une gestion des
ressources humaines unifiée, seule capable d’énoncer des principes de
gestion uniformisés, condition nécessaire pour proposer à tous les policiers,
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